L’information génétique est très majoritairement transmise de parents à descendants au sein des espèces. Néanmoins, certains organismes intègrent parfois au cours de l’évolution l’ADN d’espèces étrangères. C’est ce que l’on appelle en génétique le transfert horizontal de gènes. C’est notamment le cas chez les guêpes parasitoïdes, dont des centaines de milliers d’espèces s’attaquent à toute sorte d’hôtes. D’après les travaux publiés dans Molecular biology and Evolution, ces espèces dépendraient de virus domestiqués.
Dans les stades juvéniles, ces guêpes parasitaires vivent à la manière d’un « alien » au sein de leur hôte et sont confrontées à un système immunitaire hostile. Lors de la ponte, les femelles parasitoïdes injectent alors des particules qui protègent l’œuf du système immunitaire. Par des approches de génomique et de biologie expérimentale, l’équipe a montré que ces particules ont une origine virale. Il y a quelques millions d’années, une guêpe ancestrale a donc intégré dans ses chromosomes une batterie de gènes viraux, dont 13 subsistent aujourd’hui dans les chromosomes des guêpes. D’autres évènements similaires avaient été décrits dans la littérature. Néanmoins, ce nouveau cas est observé dans une famille extrêmement éloignée des précédentes, ce qui pose la question de la généralité de ce phénomène chez les insectes parasitoïdes.
Par ailleurs, le virus « donneur » a un phénotype tout à fait particulier : il manipule le comportement des guêpes. Lorsqu’elles sont infectées, ces dernières pondent préférentiellement dans des hôtes déjà parasités, ce qui n’est pas le cas de guêpes non-infectées. Dans ces situations, dites de super-parasitisme, le virus se transmet aux parasitoïdes partageant le même hôte, ce qui favorise sa propre transmission. Ce résultat original pose la question de l’impact potentiel joué par cette manipulation sur la naissance de ces associations chimériques guêpes/virus.
Référence article :
D. Di Giovanni, D. Lepetit, B. Guinet, B. Bennetot, M. Boulesteix, Y. Couté, O. Bouchez, M. Ravallec, J. Varaldi. (2020). A behavior-manipulating virus relative as a source of adaptive genes for Drosophila parasitoids.