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Mylène Hugoni, lauréate de l’appel à projet interne SENS

Membre du laboratoire MAP, Mylène Hugoni étudie les archées, des organismes vivants étonnants. Elle fait partie des 14 lauréates et lauréats de l'appel à projets SENS 2022, porté par la Direction de la recherche et des études doctorales (DRED).

Mylène Hugoni est Maîtresse de conférences à l’Université Lyon 1 et membre du laboratoire MAP. Elle est lauréate en 2022 de l’appel à projet « SENS ». Cet appel à projet interne porté par la Direction de la recherche et des écoles doctorales est destiné à soutenir les jeunes enseignants-chercheurs dans le développement de leur activité de recherche en leur apportant une aide financière. Entretien.

Depuis quand êtes-vous à Lyon 1 et quelles ont été les grandes étapes de votre parcours avant d’être nommée à Lyon 1 :
J’ai été nommée maîtresse de conférences à Lyon 1 en 2015. Finalement assez jeune compte tenu de mon parcours. J’ai fait une thèse à Clermont Ferrand de 2010 à 2013, où je travaillais sur l’écologie des archées dans des milieux aquatiques. Après un premier post-doc orienté sur l’étude de la diversité microbienne dans des milieux aquatiques contrastés, j’ai entamé un autre post-doc au Laboratoire d'écologie microbienne (LEM) à Lyon. Post-doc que je n’ai pas fini, car après 6 mois j’ai été recrutée dans une autre équipe du LEM comme maîtresse de conférences.
 

Qu’est-ce qui vous a orienté vers la recherche ?
Au départ, j’ai fait médecine. Après deux échecs en première année, je me suis réorientée en licence et je me suis prise au jeu. Mon stage de Master 1 a été déterminant. C’est là que j’ai découvert ce que c’est qu’une équipe de recherche. Je travaillais sur des parasites d’abeille, à une époque où l’on commençait à savoir que des parasites eucaryotes se logeaient dans les tractus intestinaux d’abeille. J’étais présente quand des intestins d’abeilles ont été broyés pour la première fois dans l’équipe et qu’on a pu observer la présence de ces parasites. Je me rappelle l’effervescence à ce moment dans l’équipe. J’ai retrouvé cette excitation pendant ma thèse et c’est ce qui m’a motivé à poursuivre dans la recherche.
 

Sur quoi travaillez-vous aujourd’hui ?
Je travaille toujours dans le domaine de la microbiologie environnementale. J’étudie un domaine de la vie, qui s’appelle les archées. J’essaie de comprendre leur écologie, comment elles participent au fonctionnement des écosystèmes et quelles sont les adaptations qui en font les championnes de la survie en milieu extrême.

Je bénéficie pour les étudier d’un terrain de jeu unique où seuls des microorganismes sont capables de vivre : le lac Dziani Dzaha à Mayotte. Ses caractéristiques géochimiques, physico-chimiques et biologiques en font un milieu extrême, analogue des océans anciens. Je m’intéresse principalement aux archées, mais j’ai aussi étudié les bactéries et les eucaryotes pour comprendre quelles interactions sont mises en jeu entre les différents partenaires microbiens et donc comprendre le fonctionnement de ce milieu original.
 

Quels sont les enjeux actuels autour des archées ?
Aujourd’hui, l’inventaire de la biodiversité et les mécanismes d’adaptation qu’elle met en jeu pour répondre à des contraintes environnementales fortes est un enjeu clef, profondément ancré dans le contexte du changement climatique. Les archées constituent un réservoir de gènes, et pourtant nous sommes incapables à l’heure actuelle de cultiver la majorité d’entre elles en laboratoire. En y parvenant, on pourrait vraiment caractériser leur physiologie, leur métabolisme et leurs mécanismes d’adaptation uniques.
 

Qu’est-ce qui vous a motivé à répondre à l’appel à projet et comment aller vous utiliser ce financement :
L’AAP SENS est une très bonne porte d’entrée pour recruter du personnel. Les financements que l’on reçoit en tant que jeune chercheur ou chercheuse sont généralement plutôt fléchés sur du consommable, des équipements, et peu sur le recrutement de personnel. Or, j’avais justement ce besoin pour mener à bien mon projet de cultiver des archées en laboratoire. Je suis convaincue que l’on peut y arriver. Avec l’aide de l’AAP SENS, j’ai recruté cette année un post-doctorant qui va s’y atteler et essayer de les cultiver au laboratoire MAP.
 

Ce qui vous anime dans la recherche ?
L’émotion de la découverte. Ces moments où toute une équipe est en effervescence devant un résultat. C’est aussi la satisfaction de faire de belles publications, ou encore d’être nommée à l’Institut Universitaire de France. Cette reconnaissance est importante pour donner confiance aux jeunes chercheurs et oser se lancer dans des projets plus ambitieux. 
 

Vos perspectives ?
Actuellement, j’envisage d’écrire un projet ERC. J’aspire également à devenir Professeure à l’Université Lyon 1.


Un message à adresser aux futures chercheuses et chercheurs ?
Il faut se faire confiance, croire en soi et s’accrocher. Et se dire que la jeunesse est un atout et pas nécessairement une faiblesse. C’est d’autant plus difficile quand on est jeune – on peut avoir le sentiment que les jeunes chercheurs sont souvent désavantagés dans le milieu académique – et de surcroit quand on est une femme. On sait bien que le milieu académique reste un milieu très masculin, même si les choses commencent à changer. Ironiquement, tout s’est mis à marcher pour moi après la naissance de mon premier enfant (un projet ANR retenu, nomination à l’IUF, lauréate de l’AAP SENS) !

crédits photographie : Éric le Roux/Dircom Lyon 1

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Laboratoire :

Laboratoire Microbiologie, adaptation et pathogénie (MAP - INSA Lyon/CNRS/Université Claude Bernard Lyon 1)

Publié le 7 février 2023 Mis à jour le 7 juin 2024