Pourquoi les chauves-souris hébergent de nombreux virus sans développer de symptômes ?
Une nouvelle étude impliquant des chercheuses et chercheurs du CIRI et du LEHNA et publiée dans Sciences Advances apporte de nouveaux éléments de réponse.
Les chauves-souris sont porteuses d’une multitude de virus, pathogènes pour la plupart des mammifères, sans développer de symptômes. Comment l’immunité de l’animal a évolué pour s’en prémunir ? C’est la question à laquelle répondent des scientifiques, principalement du CNRS, de l’Université Claude Bernard Lyon 1, et de l’ENS Lyon , dans une nouvelle publication à paraitre le 23 novembre dans Science Advances. La réponse se situe, entre autres, dans le nombre de copies du gène PKR, qui participe à la réponse immunitaire contre les virus. Alors que la majorité des mammifères ne possèdent qu’une seule copie de ce gène, certaines chauve-souris en ont plusieurs. Autant de copies qui ont permis à l’animal de diversifier son répertoire antiviral, et ainsi de faire face à une diversité de virus. Cette caractéristique a été rendue possible grâce aux duplications du gène PKR, et à la « sélection naturelle positive » de ces dernières, au cours de l’évolution de l’animal. Pour parvenir à cette conclusion, les scientifiques ont adopté une approche interdisciplinaire, intégrant des données issues du terrain, de la génétique, de l’éco-épidémiologie, de la biologie moléculaire et cellulaire, et de la virologie. Ils ont ainsi retracé l’histoire évolutive du gène PKR chez différentes espèces de chauves-souris, et ont analysé, sur le plan moléculaire, les adaptations acquises suite aux épidémies passées rencontrées par les chauves-souris. Ces travaux participent notamment à une meilleure compréhension de la transmission des virus entre espèces hôtes.