Deux chercheur·e·s de Lyon 1 en mission internationale pour le climat
Véronique Duffaut et Julien Leclaire seront parmi les 8 scientifiques français.es missionné.es à Houston pour le Carbon Capture Innovation Challenge de la Mission Innovation, du 25 au 29 septembre 2017.
Ils seront 8 Français à Huston du 25 au 29 septembre, pour participer à un brainstorming international en faveur du climat.
Parmi eux, 2 chercheur·e·s à l'Université Claude Bernard Lyon 1, repérés et missionnés par l’ADEME (Agence pour la Défense de l’Environnement et la Maîtrise de l’Energie) : Véronique Duffaut, chercheure au laboratoire C2P2 et Julien Leclaire, enseignant-chercheur à l’Institut de Chimie Moléculaire et Supramoléculaire à l’Université Claude Bernard Lyon 1.
Des efforts technologiques nécessaires pour le climat
Près de deux ans après l’Accord de Paris sur le climat, ratifié en décembre 2015 par 195 pays, les objectifs fixés pourront-ils être tenus ? "Il reste quelques verrous technologiques à faire sauter", résume avec un sourire Julien Leclaire. Comment ?
Un objectif en particulier est ambitieux : celui de maintenir le réchauffement climatique en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels. Y arriver passe notamment par une réduction importante des émissions de gaz à effet de serre, en partie responsables de ce réchauffement.
Le dioxyde de carbone, ou CO2, retient tout particulièrement l’attention des scientifiques :
- Après la vapeur d’eau, c’est le 2e responsable de l’effet de serre
- Il est libéré, par exemple, par le métabolisme des plantes ou par l’activité des volcans, mais son accumulation récente dans l’atmosphère est due principalement à l’activité humaine : les émissions humaines sont ainsi 130 fois supérieures à celle des volcans.
Pour atteindre l’objectif d’un réchauffement climatique contenu à 2°, il faut bien sûr limiter les émissions de CO2.
Mais une autre piste est explorée par les scientifiques du monde entier : capturer le CO2 émis, et le valoriser comme on le fait pour d’autres déchets. On peut ainsi fabriquer des engrais, du verre de synthèse, en faire la source d’énergie de piles…
Si des solutions existent, pourquoi alors parler de verrou technologique ?
"Le problème est que toutes ces solutions sont en cours de développement et actuellement coûteuses", explique Julien Leclaire. "Pour l’instant, il est plus rentable pour une industrie d’acheter du "droit à polluer" que de mettre en place la capture du CO2. » D’où l’importance de poursuivre les recherches pour mettre au point des solutions qui soient faciles et surtout rentables à mettre en place.
Quand les scientifiques inspirent les politiques
Et parce que plusieurs cerveaux valent mieux qu’un, la Mission Innovation (une initiative réunissant l’Union Européenne et 22 autres pays pour accélérer l’innovation en matière d’énergie verte) a lancé un Carbone Capture Innovation Challenge. Une réunion de travail de 5 jours à laquelle participent plus de 200 chercheur.es du monde entier.
Julien Leclaire raconte : "C’est l’ADEME qui nous a identifiés. La chimie du CO2 est une communauté dynamique à Lyon : je suis moi-même venu de Marseille pour développer ma recherche à Lyon 1, en particulier grâce à une chaire au sein du LabEx IMUST. Nous essayons à présent de structurer cette communauté, à travers un projet de Graduate School qui ambitionne de monter des parcours de master transversaux à tous les établissements du site Lyon-Saint-Etienne, notamment dans le domaine de la chimie verte et des procédés durables. Il s’agit aussi de consolider les liens avec la recherche et le monde socio-économique, en s’appuyant sur des manifestations a forte visibilité comme le CO2 forum, conférence portée par la chaire de développement durable de CPE Lyon rassemblant acteurs académiques, industriels et politiques."
A leur retour, les scientifiques rédigeront une synthèse destinée à l’ADEME, qui sera transmise "pour inspiration" aux ministères concernés. Avec l’espoir que les pistes proposées seront traduites en politiques de recherche et développement : "Dans les pays où les solutions de capture du CO2 sont bien développées, la recette paraît claire : une fiscalité incitative et des débouchés industriels concrets."
Publié le 22 septembre 2017 – Mis à jour le 14 novembre 2018