Bourse européenne ERC : Portrait de Sylvain Rheims, porteur du projet EPIAROUSAL consacré à l’épilepsie

Quel est votre parcours ?

J’ai réalisé mes études de médecine à la Faculté de Médecine de Strasbourg entre 1997 et 2003. Classé Major de l’internat 2003, j’ai choisi Lyon pour réaliser mon internat de neurologie, avec l’objectif spécifique de me former à l’épileptologie sous la supervision de François Mauguière et Philippe Ryvlin. Sous le mentorat de ce dernier, j’ai suspendu mon internat entre 2005 et 2008 pour réaliser ma thèse d’Université en Neurosciences dans le cadre d’un poste d’accueil INSERM. Mon travail de thèse, conduit à l’Institut de Neurobiologie de la Méditerranée à Marseille (INMED, INSERM U1901), sous la direction du Dr Yuri Zilberter, utilisait une approche d’électrophysiologie ex-vivo chez le rongeur et s’intéressait aux mécanismes d’initiation des activités de réseau physiologiques et pathologiques dans le néocortex immature. Après avoir soutenu ma thèse à l’INMED en 2008, je suis revenu à Lyon pour terminer mon internat de neurologie et obtenir mon doctorat de médecine et mon DES de Neurologie en 2010. J’ai alors été nommé Chef de clinique des universités – assistant hospitalier (CCU-AH) dans le service d’épileptologie adulte des Hospices Civils de Lyon, avant d’être nommé Maître de conférences des universités - praticien hospitalier (MCU-PH) de neurologie en 2013, puis Professeur des universités - praticien hospitalier (PU-PH) de neurologie en 2016.

Quel est actuellement votre rôle à l’hôpital et à l’université ?

Sur le plan hospitalier, je suis chef du service de Neurologie Fonctionnelle et d'Epileptologie des HCL depuis 2015. De plus, je coordonne à Lyon le Centre national de référence des épilepsies rares et suis très impliqué dans le réseau européen de référence pour les épilepsies rares et complexes (EPICARE), en particulier dans le domaine de la chirurgie de l’épilepsie et des essais cliniques pour l'épilepsie. Notre service hospitalier a une activité d’hospitalisation centrée sur l’épilepsie, incluant une unité d’enregistrement vidéo-EEG (électroencéphalogramme) de longue durée, dont des enregistrements par électrodes intracérébrales. Le programme de chirurgie de l’épilepsie des HCL, mené en synergie entre épileptologues et neurochirurgiens de l’épilepsie, est l’un des plus actifs de France et d’Europe. De plus, nous avons une activité d’explorations fonctionnelles EEG et Potentiels évoqués pour les patients ambulatoires et pour les patients hospitalisés sur l’ensemble des HCL, hors groupement hospitalier Sud. Nous réalisons environ 6000 consultations d’épileptologie par an, dont 650 consultations d’urgence/première.

Sur le plan universitaire, outre mes activités d’enseignement à la Faculté de Médecine Lyon-Est, je suis co-responsable depuis 2016 avec le Dr Laurent Bezin (DR CNRS) d'une équipe INSERM/CNRS/UCBL spécialisée dans la recherche translationnelle sur l'épilepsie au Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon (CRNL, CNRS / Inserm / Université Claude Bernard Lyon 1). Mes compétences en matière de recherche couvrent à la fois les domaines de l'épilepsie clinique, dont les morts soudaines inattendues dans l’épilepsie (SUDEP), la chirurgie de l'épilepsie et les essais cliniques et l'épileptologie expérimentale. Mes principaux thèmes de recherche sont l'évaluation de l'efficacité et de la sécurité des nouveaux traitements antiépileptiques et le développement de stratégies thérapeutiques innovantes, en particulier dans le domaine de la SUDEP, qui est progressivement devenu mon principal axe de recherche. Dans cette thématique, je m’intéresse en particulier à la relation épilepsie, altération du contrôle respiratoire central lié aux crises et risque de SUDEP, à la fois par des approches de recherche clinique chez le patient et dans des modèles expérimentaux d’épilepsie.

Quel est l’objectif du projet EPIAROUSAL, lauréat de la prestigieuse bourse ERC Consolidator ?

L’épilepsie est l’une des maladies neurologiques les plus fréquentes. Plusieurs de ses complications sont associées au sommeil, dont la mort subite et inattendue (SUDEP), pour laquelle aucun traitement préventif n’existe. Celle-ci résulte d'une apnée centrale induite par une crise convulsive nocturne. Étant donné les interconnexions entre les réseaux cérébraux qui régulent l’éveil et la respiration, certains patients pourraient combiner un trouble respiratoire lié aux crises avec une altération chronique de la régulation de l'éveil qui serait le facteur précipitant principal en cas de crise au sommeil. La voie de l’adénosine étant impliquée dans la régulation du sommeil et du contrôle respiratoire, son altération pourrait jouer un rôle clé dans ces dysfonctionnements. Le projet EPIAROUSAL étudiera chez les patients et chez l’animal l'interaction entre trouble respiratoire lié à l'épilepsie et régulation de l'éveil ainsi que la relation entre épilepsie, adénosine du tronc cérébral et co-dysfonctionnement respiratoire et de l'éveil, ouvrant ainsi la voie à un traitement de prévention des SUDEP.

 

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Sylvain Rheims est chef de Service de neurologie fonctionnelle et épileptologie aux Hospices civils de Lyon.

Crédit photo : Eric Le Roux / Direction de la communication Université Lyon 1