Jeanne Tondut, la thèse et le sport à 200%
Jeanne Tondut, doctorante au LBMC, a remporté en septembre l’IronMan de Nice, lui ouvrant la voie des championnats du monde à Hawaï en 2022. Retour sur un parcours construit autour du sport et des sciences.
Au terme d’une course de 10h37 min, Jeanne Tondut franchit la ligne d’arrivée sur la Promenade des anglais. Il y a du monde et du bruit tout autour. La fatigue et le mélange d’émotions de l’instant rendent ses souvenirs flous après coup. La jeune sportive vient de remporter l’IronMan de Nice. Elle qui concourait pour la première fois cette épreuve (3,8 km de natation, 180 km de vélo et 42 km de course à pied) a ainsi gagné sa place aux championnats du monde qui se dérouleront l’année prochaine à Hawaï.
Après la course s’enchaînent en moins de 24 heures test anti-dopage, remises des prix, séances de photos… Puis Jeanne Tondut est par la suite rapidement contactée par des marques sportives. Mais ce qui ressemble au quotidien de sportifs professionnels n’est que l’une de ses facettes. La jeune femme de 25 ans originaire de Cherbourg est aussi doctorante à Lyon au Laboratoire de Biomécanique et Mécanique des Chocs.
Un parcours sportif et scientifique
Dès le plus jeune âge le sport se mêle à ses études, puis à sa vie professionnelle. D’abord au lycée, quand elle s’inscrit en sport-étude en natation. Puis dans ses études supérieures, lorsqu’elle découvre en classe préparatoire la mécanique et le triathlon. C’est ainsi qu’elle en vient à s’intéresser à la mécanique du vélo. « Tout me plaisait : la mécanique, l’étude cinématique, que je n’avais jamais abordées au lycée en spécialité SVT » se rappelle-t-elle.
Tandis qu’elle entre à l’Ecole Nationale d'Ingénieurs de Saint-Etienne (ENISE), elle commence la compétition en triathlon. Déjà performante en natation et en vélo, il en va différemment pour la course à pied. « J’ai pratiqué des sports où mon corps n’était pas habitué à subir des chocs. Quand j’ai commencé la course pour le triathlon, j’étais souvent blessée » confie Jeanne Tondut.
Alors qu’elle connait des années difficiles sur le plan sportif pour « réapprendre à courir », cela ne l’empêche pas de découvrir la recherche à travers un stage en Nouvelle-Zélande, où elle étudie les dommages causés aux bâtiments par des séismes.
Cela l’amène en 2019 à débuter une thèse au LBMC, où elle met au point des structures innovantes pour absorber les chocs, notamment dans le cadre de la sécurité routière.
La thèse et le triathlon, une question d’équilibre
Dans un hangar, une voiture lancée sur un rail à 50 km/h percute de plein fouet une structure en aluminium. Avec l’aide du support technique du laboratoire, la doctorante en teste le comportement face à des collisions. L’objectif : déterminer la configuration optimale de ces cellules – organisées en nid d’abeille – permettant une meilleure absorption de l’énergie du choc et diminuer ainsi les dommages pour le conducteur en cas d’accident.
Pour Jeanne Tondut, qui commence sa troisième année de thèse, la question de savoir comment concilier sport et doctorat ne se pose pas. Cette sportive de haut niveau, qui n’a pas souhaité bénéficier d’un temps aménagé durant ses études, a « toujours considéré le sport comme un plus dans sa vie professionnelle ».
« J’aime aller jusqu’au bout des choses et les faire à 200% » lance-t-elle. La clé pour y parvenir, dans le sport comme dans la thèse ? L’équilibre et l’organisation. Et elle en aura d’autant plus besoin en 2022, année de sa soutenance, qu’elle devra préparer en parallèle des championnats du monde à Hawaï. Mais la jeune femme se montre optimiste : « On va planifier cela avec ma directrice de thèse et mon coach sportif pour que tout coïncide bien et que les deux soient réussis ».
En attendant la préparation de ces événements, Jeanne Tondut est d’ores et déjà à la recherche de sponsors pour financer son voyage et sa course à Hawaï.
Un article par Matthieu Martin/Direction de la recherche et des écoles doctorales
Laboratoire
Laboratoire de Biomécanique et Mécanique des Chocs (LBMC - Université Claude Bernard Lyon 1/Université Gustave Eiffel)