Santé,


« S’approprier sa santé », étape essentielle pour les étudiants en santé

Info vaccins

Sander de Souza a réalisé sa thèse de médecine lors de son internat au SSU de Lyon 1, en lien avec le laboratoire RESHAPE. Spécialisé en santé publique et particulièrement en vaccinologie, il s’est penché sur la couverture vaccinale obligatoire des étudiants en première année en santé à Lyon 1.

« La vaccination est un geste médical très simple, très efficace et qui protège à travers le monde ». Sander de Souza est interne en médecine et spécialisé en santé publique. Très tôt passionné par les questions de vaccinologie, il en a fait le sujet de sa thèse. « Quand on s’intéresse aux vaccins, il faut voir plus loin que simplement l’injection, ou les anticorps. Il y a aussi des enjeux sociaux, économiques, de vulgarisation et de pédagogie. Il faut savoir s’adapter au public et comprendre pourquoi il adhère ou non aux vaccins », clame-t-il. Au cours de sa thèse de médecine, il s’est intéressé à un public particulièrement concerné par la vaccination : les étudiants en santé.
 

Vaccination obligatoire pour les étudiants en santé

Les étudiants en santé ont l’obligation de présenter un carnet de vaccination comprenant les vaccins contre la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite, la coqueluche et l’hépatite B – auquel s’est récemment ajouté le vaccin contre la Covid-19. Condition nécessaire pour travailler dans un établissement de santé, ces étudiants sont concernés dès la fin de la première année, période à laquelle débute leur premier stage. À Lyon 1, près de la moitié des étudiants sont engagés dans une filière de santé. Autant dire que la couverture vaccinale est un enjeu de taille pour l’université.

C’est justement l’un des rôles du service de santé universitaire (SSU) de s’assurer de la mise à jour des carnets de vaccination de ces étudiants. Il s’agit notamment d’éviter toute entrave à leur poursuite d’étude, mais la vaccination revêt également un autre enjeu. « On forme de futurs soignants. Leur donner la culture de la prévention et de la vaccination est très important puisqu’ils seront eux-mêmes amenés à en faire la promotion », explique Sander de Souza qui a été interne au SSU de l’Université Lyon 1 en 2020.

A cette époque, en plein confinement total, alors que le SSU maintenait les soins en télé-consultation, il avait à charge de compiler les données des carnets de vaccination des étudiants. L’occasion de redécouvrir un nouvel outil : le carnet de vaccination électronique (CVE).
 

Le carnet de vaccination électronique

Accessible à tous depuis le site Web mesvaccins.net, chacun peut y entrer ses vaccins avant de faire certifier ce carnet par un professionnel de santé. Ces derniers ont un accès privilégié à la plateforme du CVE pour le valider. Le SSU a expérimenté ce format numérique en le proposant aux étudiants de première année en santé.

Au-delà du fait de s’adapter au contexte sanitaire, le CVE était l’opportunité d’adresser un message aux étudiantes et étudiants : « Il est important pour de futurs professionnels de santé de s’approprier leur propre santé, de se poser des questions et d’être acteurs de leur santé » affirme Sander de Souza. Dans le cadre de sa thèse, il a mené une étude pour mesurer l’usage du CVE par les étudiants en première année d’une filière en santé à Lyon 1. Un travail qu’il a mené en lien avec le laboratoire RESHAPE, spécialisé en santé publique. « Quand on démarre une étude, on ne part pas à l’aveugle » lance ce jeune docteur. Encadré par Caroline Combes au service de santé universitaire de Lyon 1 et Anne-Marie Schott, chercheuse et directrice du laboratoire RESHAPE, il a construit toute une grille d’évaluation pour étudier la couverture vaccinale des étudiants via ce nouvel outil numérique.

Résultat, sur 1654 étudiants ayant accepté de partager leur CVE, et parmi lesquels 684 ont répondu à l’enquête, moins de 50% présentaient une couverture vaccinale complète au moment de l’étude. Pourtant, ce n’est pas la vaccination qui est remise en cause par les étudiants.
 

La confiance dans la vaccination n’est pas le principal frein à la vaccination des étudiants en santé

De nombreuses études attestent du haut niveau de confiance en la vaccination de la part des étudiants en santé rappelle Sander de Souza. Concernant la vaccination contre la Covid-19, 80% des étudiants en première année de santé à Lyon 1 avaient déjà entamé ou terminé leur schéma vaccinal en juillet 2020, contre 58% pour l’ensemble de la tranche d’âge de tous les jeunes de 18-24 ans en France – et à l’époque, la vaccination contre covid-19 n’était pas encore obligatoire pour les étudiants en santé. La confiance dans la vaccination n’est pas le principal frein à la mise à jour des vaccins chez ces futurs soignants. Les raisons relèvent davantage du contexte dans lequel se déroulent leurs études.

La première année de santé est une année particulière et intense. L’une des rares filières universitaire comprenant un concours. En parallèle de leurs enseignements, ils et elles n’auront que quelques mois pour valider leur carnet de vaccination – leur premier stage pouvant débuter dès le mois de mai. Par ailleurs, beaucoup d’étudiants découvrent Lyon et ont parfois peu voire pas de réseau. L’enquête pointe notamment un manque d’information et la difficulté à trouver un médecin traitant pour faire valider le carnet de vaccination électronique. De plus, certains professionnels de santé éprouvent des difficultés à utiliser cet outil numérique et manquent d’informations à ce sujet a constaté Sander de Souza. Et de rappeler que les étudiants peuvent solliciter les médecins généralistes du SSU comme médecins traitants.

Plus globalement, cette étude rappelle le rôle de l’université dans son ensemble pour transmettre les messages de prévention aux étudiants. Pour ce jeune docteur, qui se destine à la santé publique et à la prévention auprès de publics spécifiques (étudiants, enfants, communauté LGBTQ+), il est primordial que des étudiants en santé veillent d’abord à leur propre santé. En particulier en pleine crise sanitaire, dont les effets physiques et psychologiques dépassent largement l’infection au SARS-Cov2. « Notre profession consiste à prendre soin des autres, mais il est important que ces étudiants apprennent à ne pas négliger leur propre santé » rappelle-t-il. Et de reconnaître que cet aspect reste encore peu exploré dans les études de santé.

Crédits photographie : Eric le Roux / Dircom Lyon 1
 



La thèse de médecine de Sander de Souza est directement accessible via le catalogue de la BU des Sciences de Lyon 1.

Publié le 10 janvier 2022 Mis à jour le 11 février 2022