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À nous la planète rouge !

« Nous, les martiens, avons été occupés cette semaine à faire un entraînement d'atterrissage du rover européen ExoMars », c’est ainsi que l’équipe e-planet du Laboratoire de Géologie de Lyon a annoncé son exploit virtuel. Une véritable répétition générale pour le rover qui a atterri pour la première fois virtuellement sur son site d’atterrissage martien : Oxia Planum. C’est dans le cadre du projet scientifique e-Mars, que ce site a été proposé pour la Mission ExoMars (ESA/Rocosmos) dont le lancement est prévu en 2020. Son objectif : rechercher des traces de vie sur notre voisine, la planète Mars.


ExoMars a touché le sol martien : quand le virtuel prépare au réel

Entre le 16 et le 20 juillet 2018, l’équipe e-planet, ou Planetary science team in Lyon du Laboratoire de Géologie de Lyon (LGL-TPE), a réalisé virtuellement l’exploit de faire atterrir le rover ExoMars sur le site d’atterrissage « Oxia Planum » proposé par l’équipe. Avec cette simulation 3D, e-planet s’est ainsi entraînée à l’arrivée du rover ExoMars sur la planète rouge, en collaboration avec des planétologues britanniques. Dès les premiers jours, le site exact d’atterrissage a été découvert.

Les objectifs de l’atterrissage virtuel d’ExoMars sont :

1) Cartographier les alentours du site pour repérer les zones dangereuses pour la traficabilité du rover et identifier les régions prioritaires pour l’analyse scientifique.

2) Déterminer la route à suivre pour les 90 premiers jours de la mission du « vrai » rover ainsi que son parcours et ses objectifs à long terme.

Deux ans avant le lancement réel de la mission, la répétition générale virtuelle de l’atterrissage d’ExoMars a permis à e-planet de travailler en équipe internationale, de tester des outils de travail collaboratifs internationaux, mais aussi de vérifier sa capacité à prévoir une route pour le rover en moins d’une semaine ! 


Le site d’atterrissage virtuel, Oxia Planum, du rover ExoMars. Les couleurs représentent les minéraux argileux. Formés par l’action de l’eau, ils sont la cible principale du site. ©e-planet

Retour sur e-Mars : comprendre l’évolution de la planète rouge

C’est le projet scientifique e-Mars, dédié à l’étude de l’évolution de la planète Mars, qui a permis d’identifier le site baptisé « Oxia Planum ». Mené entre 2012 et 2017, e-Mars visait à identifier le site parfait pour le rover ExoMars avant qu’il n’entame ses 200 jours d’exploration martienne. Son ambition : combiner l’ensemble des données collectées par les quatre dernières missions martiennes (MGS, Mars Odyssey, Mars Express et MRO) afin de comprendre l’évolution géologique de la planète.

C’est à l’équipe lyonnaise e-planet que l’on doit la découverte du site d’atterrissage idéal, pour deux raisons principales :

1) Oxia Planum est relativement plat, facilitant les déplacements du rover ;

2) Un lac ou une mer semble avoir occupé la région par le passé : un site propice à la recherche de traces de vie ancienne.

 Un prototype de rover martien testé dans le désert d’Atacama au Chili. ©ESO/G. Hüdepohl (atacamaphoto.com)

Le projet e-mars a également permis :

- de réaliser un outil unique de gestion de données orbitales de la surface de Mars (MarsSI) ;

- de montrer l’hétérogénéité du sous-sol martien et son altération par l’eau liquide probablement à haute température ;

- de s’intéresser aux endroits martiens habitables.
 

Mission ExoMars : la question de la vie sur Mars

À travers l’atterrissage virtuel d’ExoMars, l’équipe e-planet du LGL-TPE se prépare pour 2021 : l’arrivée réelle du rover sur la planète rouge. Développée par les agences spatiales européenne et russe, ESA et Roscosmos, la mission ExoMars s’apprête, d’ici quelques années, à nous révéler l’un des plus grands mystères de notre petite sœur tellurique.

Il y a plus de 3 milliards d’années, les conditions climatiques et le paysage géologique de Mars étaient bien différents de ceux d’aujourd’hui. Des conditions qui, réunies, ont permis la présence d’eau sous forme liquide sur la planète et par conséquent l’apparition possible de la vie. C’est la recherche de cette vie extraterrestre passée qui motive la réalisation du programme ExoMars.

Le rover éponyme, une fois posé sur Mars passera au crible le sol martien pour trouver des traces de vie fossiles. Equipé de son petit laboratoire mobile, ExoMars, sera capable d’analyser des échantillons de sous-sol martien. Les roches présentant des minéraux argileux, en particulier, constitueront pour le rover la cible principale du site d’Oxia Planum. Formées par action de l’eau, les argiles peuvent en effet conserver des traces de vie potentielles. 

Le rover ExoMars roulera-t-il sur les traces d’une vie martienne passée ? La réponse en 2021 !

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Publié le 27 juillet 2018 Mis à jour le 6 septembre 2018