Publication scientifique


Endocardite infectieuse : il n’existe pas de souche du staphylocoque préférentielle

Une nouvelle étude menée au CIRI vient renforcer la nécessité de réaliser plus systématiquement des examens complémentaires pour mieux détecter l’endocardite infectieuse.

Les infections sanguines (de type bactériémies) par les staphylocoques dorés peuvent avoir des conséquences sévères. Dans 10 à 15 % des cas, ces infections atteignent le cœur. On parle alors d'endocardite infectieuse qui peut entrainer des complications graves, voire le décès. Cependant les examens complémentaires de type échographie pour diagnostiquer une endocardite sont complexes et ne sont pas réalisés systématiquement. Afin d’améliorer le diagnostic, une étude menée au CIRI avait pour objectif de déterminer si certaines souches de staphylocoques sont plus susceptibles d'entrainer une endocardite que d'autres. Si tel est le cas, ce marqueur pourrait orienter la stratégie des examens complémentaires, notamment l’échographie cardiaque qu’elle soit trans-thoracique (donc anodine car pratiquée de l’extérieur du thorax) ou transoesophagienne (plus précise mais invasive car pratiquée à l’aide d’une sonde dans l’œsophage).

Dans le cadre de cette étude, une collaboration internationale entre la France, le Danemark, les États-Unis, l’Australie et la Nouvelle Zélande a permis l’analyse à Lyon, au Centre international de recherche en infectiologie (CIRI – Inserm/CNRS/Université Claude Bernard Lyon 1/ENS de Lyon) des génomes bactériens issues de 924 patients. Les auteurs démontrent qu'il n'y a pas de souche qui cause de manière préférentielle des endocardites une fois qu'elles ont atteint la circulation sanguine. Ces résultats sont confirmés dans deux modèles expérimentaux d’infection chez l’animal, l’un chez la souris, développé par une équipe de Leuven (Belgique), qui étudie les étapes précoces de la colonisation des valves cardiaques par le staphylocoque doré (staphylococcus aureus), et l’autre chez le lapin (modèle établi à Madison, USA) qui étudie le développement de l’infection une fois la bactérie fixée sur les valves.

En conséquence, aucun marqueur spécifique ne pouvant être identifié, les auteurs suggèrent de proposer de manière plus systématique les examens complémentaires visant à détecter une endocardite infectieuse au cours des bactériémies à staphylocoque doré, ce quelle que soit la souche isolée du patient.
 

Contact scientifique
François Vandenesch | Professeur des Universités à l’Université Lyon 1, praticien hospitalier aux Hospices civils de Lyon et membre du Centre international de recherche en infectiologie (CIRI – Inserm/CNRS/Université Claude Bernard Lyon 1/ENS de Lyon)
francois.vandenesch@univ-lyon1.fr
 
Référence
Bastien, S., Meyers, S., Salgado-Pabón, W., Giulieri, S. G., Rasigade, J. P., Liesenborghs, L., ... & Vandenesch, F. (2023). All Staphylococcus aureus bacteraemia-inducing strains can cause infective endocarditis: results of GWAS and experimental animal studies. Journal of Infection.
Publié le 17 janvier 2023